Pour les Stoïciens, faire acte de philosophie revenait, non pas à débattre autour de théorie abstraite, mais bien à l’accomplir comme un art de vivre, en conformant leur pensée à leurs actions. Nous avons vu au cours des articles précédents combien il était important de démarrer le matin en conscience, puis comment conserver son cap tout au long de la journée. Mais que faisaient-ils avant le coucher ?
L’examen de conscience est au cœur des exercices appliqués par les Stoïciens. Il s’agit, le soir venu, de se remémorer mentalement les événements de la journée. Pour ensuite ranimer notre conscience avec un regard critique sur nos actes passés. Ont-ils été conformes aux valeurs que nous souhaitons incarner ? À quel moment nous en sommes-nous écartés ? Qui avons-nous mis aux commandes, notre raison ou nos désirs ? Car faire des concessions avec sa volonté, c’est déjà, pour les Stoïciens, se quitter soi-même.
« Ne ferme jamais les paupières sans t’être demandé… »
Sénèque avait coutume de passer son âme à la question : « De quel mal t’es-tu guérie aujourd’hui ? A quel vice as-tu résisté ? En quoi es-tu meilleure ? ». (De la Colère, III). On le retrouve aussi chez Epictète, qui cite les Vers Dorés de Pythagore : « Ne ferme jamais tes paupières sans t’être demandé : qu’ai-je fais, qu’ai-je omis ? Commence par cela et continue et ensuite, blâme le mal que tu as fait et réjouis toi du bien ».
L’examen de conscience du soir, ou la pratique de liberté intérieure au quotidien
Un bon exercice consiste ensuite à retranscrire ces réponses sous forme de bilan pour transformer l’expérience en conscience. Puis, au fur et à mesure, visualiser la trajectoire que nous prenons. Cette pratique fait donc appel autant à la mémoire qu’à la méditation en ceci qu’elle favorise un mouvement de plus en plus constant vers notre propre centre.
Enfin, cet examen permet de faire la lumière ce qui dépend de nous (nos choix), de ce qui n’en dépend pas (nos désirs), à l’origine de toutes souffrances. Et ce n’est qu’à la condition du détachement de ce qui nous étranger, nous dit Epictète, que l’on donne à notre liberté un pouvoir d’agir.
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