La douceur est une vertu puissante d’amour et de guérison, qui réconcilie toujours les opposés et crée un lien intérieur inoubliable dans la mémoire de celui qui a été touché. L’image de la douceur, ancestrale, serait semblable à la caresse d’une plume d’Ange.
Mais la douceur est aussi la vertu du guerrier qui saura agir avec force mais sans brutalité.
La Bhagavad Gita définit l’homme sage par ces qualificatifs :
« Absence de peur, tempérament pur, fermeté dans le Yoga de la connaissance, bienfaisance, maîtrise de soi, sacrifice, étude des Ecritures, ascèse, candeur et droiture, non-violence, sincérité, absence de courroux, abnégation, calme, absence de critique, compassion pour tous les êtres, absence de convoitise, douceur, modestie, absence d’agitation, énergie, miséricorde, patience, propreté, absence d’envie et d’orgueil, - telle est, ô Bharata, la richesse de l’homme né en la nature dévique…
L’adoration du divin, la propreté, la rectitude morale, la pureté sexuelle, l’absence de meurtre et de violence à l’égard d’autrui – telle est l’ascèse du corps.
Un langage qui ne cause point de trouble à autrui, vrai, bienveillant et bienfaisant, l’étude de l’Ecriture – telle est l’ascèse de la parole.
Une joie claire et calme du mental, la douceur, le silence, la maîtrise de soi, l’entière purification du tempérament – telle est l’ascèse du mental ».
L’ascèse sur les 3 plans -corporel, verbal et mental- se décline, pour le guerrier, en douceur qui se conjugue avec silence, patience, absence de violence, maîtrise de soi. Parmi les vertus essentielles que cite Khrisna comme gage de l’homme accompli, la douceur liée à la modestie prend toute sa place.
Chögyam Trungpa nous enseigne : « La douceur provient de l’expérience du non-doute, de l’absence du doute.
Ne pas avoir de doute signifie faire confiance à son cœur, avoir foi en soi-même. Etre libre de doute veut dire qu’on établit un contact avec soi-même, qu’on a fait l’expérience de la synchronisation de l’esprit et du corps. Lorsque l’esprit et le corps sont synchronisés, on n’a pas de doute ».
Quand nous exprimons la douceur et la précision dans nos gestes, dans nos paroles et dans notre analyse, l’éclat et la puissance des choses peuvent s’exprimer. Quand, dans la brutalité, en défense de son ego offensé, nous nous exprimons de manière tranchée, ou piquante, la relation intime aux choses est coupée ; le lien magique qui nous relie est altéré. Nous exprimons alors notre doute, notre séparatisme et notre manque de confiance en nous-même, notre exaspération devant autrui qui est vu comme l’ennemi.
Et pourtant, la plus belle image de douceur est celle de la compassion, de la naissance de Tara, la parèdre de Avalokitechvara, le seigneur qui regarde.
Quand Avalokitechvara, le premier ancêtre divin des Tibétains, regarda le monde et qu’il vit la tâche immense qui lui incombait, il fut effaré un instant devant l’ampleur de sa mission. Alors, il laissa échapper une larme. De cette larme naquit Tara, la puissance et l’énergie de la divinité, son essence dynamique, sa force de concrétisation. Tara est « celle qui sauve », la grande protectrice.
Qu’il soit épanoui ou en bouton, le lotus signe sa pureté.
Elle est l’expression de la force d’amour et de reconnaissance.
La Tara blanche porte « 7 yeux de merci » : deux yeux qui s’ouvrent sur le monde, un œil au centre qui voit justement dans le cœur des hommes, un dans chaque paume des mains et un dans chaque plante des pieds. Elle est inséparable de son Dieu.
Que toujours le souvenir de la douceur soit en nous, pour nous rappeler d’où l’on vient et où l’on va.
Et si, sur le chemin, on se confronte aux difficultés de l’ignorance, que l’amour rédempteur soit toujours notre expression d’être par le canal de la douceur.